Environnement: Doévi Kopé, un village côtier menacé de disparition
Fousseni Saibou
Plus de 3 000 vies sont menacées par la mer dans le village togolais de Doévi Kopé. Depuis quatre ans, une suite de catastrophes naturelles dues aux vagues et aux vents violents ont fait des sans-abris et rendu plusieurs existences précaires. Face à l’accélération de l’érosion côtière et à l’absence d’actions gouvernementales, la communauté de Doévi Kopé lance un cri d’alarme.
Le village de Doévi Kopé est situé 13 km à l’est de Lomé, la capitale togolaise, entre la route nationale qui relie Lomé à Cotonou (Bénin) et la côte du Golfe de Guinée. Aussi appelée Baguida Plage — elle est dans le canton de Baguida —, cette localité suscite la curiosité de par l’étendue des dégâts causés par l’avancée de la mer. Elle connait en effet depuis 2014 les pires catastrophes de son histoire : à cause de l’érosion côtière, les riverains ont perdu leurs habitations et infrastructures socio-économiques. Écoles, églises, bars, restaurants, cultures maraîchères ont tous été emportés par les vagues. Cette année, le cimetière communautaire a été balayé, obligeant le déplacement de 47 corps vers le cimetière cantonal.
« Je suis né en 1962. En 1969 déjà, on a commencé par avoir l’érosion côtière. On a crié, on s’est lamenté, on a demandé à l’État de nous aider, mais il n’a pas pu. Tous nos hectares, tous nos cocotiers, nos maisons, toutes nos richesses sont tombées dans la mer », s’est plaint à Sans Frontières Doèvi Kapa, un habitant du village. Pourtant, jadis, Doévi Kopé constituait une grande attraction touristique grâce à la beauté de sa plage de sable fin bordée de magnifiques cocotiers. Le chef du village, Togbui Doèvi Dolayi II, et sa famille vivaient dans une belle maison en bordure de mer. Aujourd’hui, ils se retrouvent sans-abri, à l’instar de 12 autres familles.
Le chef vit dans une hutte en attendant la fin des travaux de construction de sa nouvelle demeure, située à environ 300 mètres de la côte. « La où je suis, c’est la cinquième maison royale. C’est la cinquième fois que la mer nous déloge. Cette parcelle, je l’ai achetée, parce que je n’ai plus rien ici. Il faut qu’on nous trouve un site pour nous déplacer », nous a-t-il confié.
Si le chef du village a les moyens de s’acheter une nouvelle maison, ce n’est pas le cas pour les autres sinistrés, qui occupent illégalement des logements de fortune sur le territoire d’une réserve administrative sur la côte depuis la catastrophe de mai 2016, alors que la montée du niveau de la mer et les vents violents ont causé de l’érosion, des inondations et l’effondrement de plusieurs habitations. En attendant une solution définitive à leur situation, ils sont pris entre deux feux : la mer, qui continue son avancée à grands pas, et la préfecture, qui pourrait à tout moment les expulser de leur réserve.
Selon le conseiller du chef du canton de Baguida, Togbui Edjé Gaglo, l’État togolais a dû loger les sinistrés de mai 2016 dans l’enceinte du collège d’enseignement général de Baguida. Après un an, ceux-ci ont été obligés de retourner sur la côte pour occuper une réserve administrative, parce qu’ils ne recevaient plus d’aide publique. « Cette réserve, la mer va l’emporter encore dans trois ou cinq mois. Nous avons écrit au gouvernement, mais jusqu’à présent, on n’a pas eu de réponse », affirme-t-il.