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Guy Saint-Jacques (Photo : IRCM)

Expertise québécoise: Comment la Chine influence l'opinion publique mondiale

Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en novembre 2012, la Chine est beaucoup plus présente sur la scène internationale. Elle cherche à élargir sa zone d’influence, ses marchés et ses activités pour influencer l’opinion publique, y compris en menant une campagne soutenue pour faire taire toute opposition et dissidence.

Par Guy Saint-Jacques 

L’arrestation de Meng Wanzhou, la directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei, à Vancouver le 1er décembre 2018 a entraîné la pire crise entre le Canada et la Chine depuis l’établissement des relations diplomatiques en 1970. S’y ajoutent les détentions arbitraires des Canadiens Michael Kovrig (un diplomate en congé sans solde) et Michael Spavor (un homme d’affaires actif en Corée du Nord et ami de Kim Jong-un), de même que les peines de mort imposées aux Canadiens Robert Schellenberg et Fan Wei pour trafic de drogue. Le Canada a également perdu des milliards de dollars en exportations. Et selon un sondage du Conseil d’affaires Canada-Chine publié le 6 mai, 20 % des compagnies canadiennes et chinoises rapportent avoir subi un impact négatif de la crise diplomatique. Ce qui reflète les difficultés de faire affaires avec une super puissance qui ignore les règles internationales quand elles ne sont pas à son avantage, et qui n’hésite pas à punir sévèrement les pays qui refusent d’obéir à ses diktats.

Les instruments privilégiés

Mis à part la Corée du Nord, la Chine n’a jamais vraiment établi d’alliance stratégique avec d’autres pays. Tôt dans son premier quinquennat, Xi Jinping a mené une politique internationale beaucoup plus active et agressive, par exemple en revendiquant les îles Diaoyu (Senkaku en japonais). Puis en donnant la Chine comme modèle au 19e Congrès du Parti communiste chinois en octobre 2017, précisant qu’elle a réussi à se développer sans adopter les valeurs occidentales. Le président a prédit que la République populaire de Chine serait la principale puissance mondiale en 2049, alors qu’elle célèbrera son 100e anniversaire. Le tout signifie que la Chine ne représente pas qu’un défi économique, mais aussi un défi moral et intellectuel, car elle est en conflit avec les valeurs occidentales.

Insatisfaite de la place qui lui est faite dans les institutions Bretton Woods (la Banque mondiale et le Fonds monétaire international), la Chine a créé ses propres institutions, telle la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures. Ceci étant, elle a su bien profiter du système multilatéral ; ainsi, son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001 a entraîné une croissance spectaculaire. Il faut également se féliciter qu’elle soit maintenant le principal contributeur au budget des opérations de maintien de la paix des Nations unies. Cependant, elle a une approche très sélective quant aux règles internationales comme nous l’avons vu en juillet 2016 avec son rejet de la décision du tribunal, sous l’égide de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, à la suite de la plainte des Philippines concernant ses installations en mer de Chine méridionale.

Influence vs interférence

Il est normal qu’une ambassade mène des activités de rayonnement et essaie d’influencer les décideurs dans le pays d’accueil. Elle doit aussi fournir les services consulaires à ses ressortissants. Avec plus de 120 millions de Chinois voyageant à l’étranger chaque année, l’opinion publique chinoise s’attend à ce que le gouvernement accroisse ces services. Cependant, la Chine tend à considérer les quelque 60 millions de Chinois vivant à l’étranger comme étant toujours citoyens chinois. Le mandat du Département de travail du Front uni du Comité central du Parti communiste chinois a d’ailleurs été considérablement élargi, et son budget augmenté pour accroître les efforts de propagande à l’étranger afin d’améliorer son image...

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Guy Saint-Jacques

Guy Saint-Jacques est diplomate depuis 1977. Il a été Haut-commissaire adjoint au Haut-commissariat du Canada au Royaume-Uni, puis chef de mission adjoint à l’ambassade du Canada aux États-Unis, à Washington. Il a aussi été ambassadeur du Canada en Chine de 2012 à 2016. Actuellement en résidence à l’IEIM, il parle couramment le mandarin et est spécialiste des questions chinoises.

Dans la catégorie Numéro 42 (Juin-Août 2019)

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