Entrevue: « Ce n'est pas une question d'être présent, c'est une question de volonté politique »
Eddy Pérez, Réseau action climat Canada
Propos recueillis par Benoîte Labrosse
La 26e Conférence des Parties signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP26) s’est déroulée du 31 octobre au 12 novembre à Glasgow, au Royaume-Uni. Sans Frontières s’est entretenu avec un membre de la délégation canadienne sur place, le directeur de la diplomatie climatique internationale du Réseau action climat Canada, Eddy Pérez, quelques heures avant l’adoption de la déclaration finale.
Q. Vous en êtes à votre cinquième présence à une COP. Que retiendrez-vous de celle de Glasgow ?
R. C’était le moment d’avoir des discussions assez profondes sur le fait que la crise climatique impose un fardeau d’adaptations et que les ressources financières sont essentielles si l’on souhaite avoir une transition équitable. On a eu ces discussions, mais elles ont été un peu mises de côté parce que la présidence du Royaume-Uni a misé beaucoup sur la participation du secteur privé et sur les annonces – qu’on appelle des shows de boucane – plutôt que sur les discussions sérieuses concernant ce qui devrait être fait pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C. Cette orientation a aussi contribué à fermer la porte à la participation d’une importante délégation de la société civile et des peuples autochtones aux négociations. Cela a causé une frustration assez profonde chez des milliers de personnes qui se sont retrouvés sans accès aux lieux de négociations, alors que le Royaume-Uni les avait invités.
Q. Croyez-vous que l’absence des chefs d’État de la Russie, du Brésil et de la Chine – tous des grands émetteurs de gaz à effet de serre (GES) – diminue l’impact potentiel de la COP26 ?
R. Il est vrai que les rencontres en personne peuvent favoriser l’échange et le dialogue, mais il faut aller au-delà et voir comment leurs équipes diplomatiques contribuent à la COP. Dans le cas de la Chine, il y a quand même eu une volonté d’envoyer le message qu’elle était prête à coopérer avec les États-Unis et d’autres pays afin de s’assurer que la Conférence de Glasgow soit une réussite. Mais il faudra voir jusqu’où les efforts de la Chine vont permettre d’influencer d’autres grands émetteurs de GES pendant les négociations de la déclaration finale…