Entrevue: Quelle vision internationale pour le Québec?
Dès sa nomination, il y a un peu plus d’un an, la ministre québécoise des Relations internationales et de la Francophonie, Nadine Girault, a été avertie par le premier ministre François Legault : l’action provinciale à l’international, tout comme celle du réseau de ses représentations à l’étranger, devra prendre un virage économique. C’est exactement ce qui ressort de la Vision internationale du Québec rendue publique à la Montréal 29 novembre. À cette occasion, Sans Frontières a interrogé la ministre sur la place qu’occupent la solidarité et la coopération internationales au sein des nouvelles priorités gouvernementales.
Propos recueillis par Benoîte Labrosse
Vous présentez cette Vision internationale, intitulée Le Québec : fier et en affaires partout dans le monde !, comme une « mise à jour » de la Politique internationale provinciale adoptée en 2017. Tout un pan de cette politique portait sur la solidarité et la coopération internationales. Quelle place celles-ci occupent-elle aujourd’hui ?
Cette place demeure identique à ce que nous avons toujours fait. Le premier pilier de notre Vision, c’est notre capacité identitaire, notre langue, notre culture. Pour reprendre l’image d’une maison, c’est là notre fondation, ce que nous faisons depuis 50 ans à l’international. Là où la fondation est très solide, nous allons rajouter un deuxième étage économique, mais l’étage diplomatie d’influence demeure. Il ne faut pas oublier que dans certains pays, la fondation n’est pas encore tout à fait prête et que nous sommes en train de la travailler. Dans d’autres, elle n’est même pas encore creusée.
À quoi les organismes de solidarité et de coopération internationales locaux peuvent-ils s’attendre comme changements à la suite du virage économique de l’action québécoise à l’étranger ?
Ça ne change rien pour eux. Ça demeure la base de notre travail : nous allons utiliser la solidarité et la coopération comme leviers dans les endroits où nous avons la capacité de leur faire pour ajouter un « étage » économique. L’économie devient un focus alors qu’elle ne l’était pas, mais nous continuons à exercer notre diplomatie d’influence. Et il y a des pays où les gens veulent que nous parlions d’économie avec eux : ils ont fait de la coopération et de la solidarité, mais nous y sommes rendus à un autre niveau.
Le programme de solidarité internationale réservé aux 18-35 ans Québec Sans Frontières (QSF), fêtera ses 25 ans en 2020. Quelle place lui accordez-vous dans la nouvelle Vision ? Et doit-on s’attendre à ce que les projets de coopération offerts aux jeunes prennent eux aussi un virage plus économique ?