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Andréanne Bissonnette (Photo: Courtoisie)

Santé: Accéder à l'avortement aux États-unis

La résilience face aux obstacles 

Les restrictions à l’accès à l’avortement aux États-Unis se multiplient depuis le début des années 2000. Face à cette volonté accrue de contrôle du corps des femmes par les politiques étatiques, des groupes développent des outils pour limiter les impacts de ces obstacles, de plus en plus liés au statut socioéconomique et au positionnement géographique dans le pays.

Par Andréanne Bissonnette

Bien que légalisée par la Cour suprême en 1973 par le jugement Roe v. Wade, l’accès à l’avortement aux États-Unis demeure un enjeu hautement politisé, polarisant et d’actualité. Les manchettes sont souvent peu encourageantes pour celles et ceux qui se battent pour le maintien de ce droit. Durant la dernière année, des lois visant à restreindre l’avortement au-delà de la sixième semaine ont été déposées et/ou adoptées dans une pluralité d’États à travers le pays. Ces lois, surnommées heartbeat bills (lois battement de cœur), ne sont qu’une des multiples méthodes mises en place par les législateurs anti-choix afin de restreindre l’accès à l’avortement – et de limiter le contrôle des femmes sur leur corps.

Ces lois s’articulent souvent de deux manières : une première vise les femmes et a pour objectif de les faire douter de leur choix, que ce soit au moyen d’un ultrason obligatoire ou d’une période d’attente, alors que la seconde vise les cliniques et tente de les pousser à fermer leurs portes, entre autres, en imposant un privilège d’admission dans un hôpital ou en limitant la délivrance de permis de pratique.

À la frontière avec le Mexique, en plus des lois restrictives présentes dans deux des quatre États frontaliers – l’Arizona et le Texas –, les cliniques doivent jongler avec le sous-financement, des difficultés de recrutement ainsi que des contrôles migratoires omniprésents. Toutefois, dans cette région – comme un peu partout aux États-Unis –, la solidarité, la résilience et la résistance se font sentir au quotidien afin de s’assurer que les femmes, indépendamment de leur statut migratoire, puissent se prévaloir de leur droit de choisir.

Pour un accès économique au choix

Il y a près d’un demi-siècle, la légalisation de l’avortement aux États-Unis a octroyé à toutes les femmes le droit de choisir d’interrompre une grossesse. Cependant, dans des décisions subséquentes, la Cour suprême a confirmé que si ce droit existe, l’État n’a aucune obligation de faciliter son accès.

En ce sens, le gouvernement étasunien a adopté en 1976 l’amendement Hyde, qui stipule qu’aucun fonds fédéral ne peut être utilisé pour financer l’avortement, sauf si la vie de la femme est en danger, ainsi qu’en cas de viol ou d’inceste. Cet amendement retire donc la possibilité d’une couverture des frais de la procédure par leur assureur pour les femmes couvertes par Medicaid, l’assurance-maladie fournie par le gouvernement fédéral aux citoyens et citoyennes les moins nantis.

Pour répondre à ces enjeux économiques, les mouvements pro-choix ont développé des fonds privés (abortion funds) – certains à l’échelle nationale, d’autres limités à une région géographique – qui offrent une aide partielle à celles qui veulent se prévaloir de leur droit. Ces fonds sont accessibles à toutes les femmes, indépendamment de leur statut migratoire. La couverture offerte varie selon les réalités socioéconomiques et les moyens du fonds en question.

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Andréanne Bissonnette

Chercheuse en résidence auprès de l’Observatoire de géopolitique et de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques, Andréanne Bissonnette est candidate au doctorat en science politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Elle axe ses recherches sur l’accès des femmes latino-américaines à l’avortement.

Dans la catégorie Numéro 44 (Déc 2019-Fév 2020)

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