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(Photo : Unspash / Saif Albadni)

Urgence: Yémen, la guerre oubliée

Par Jean-François Venne

Pendant que tous les yeux se tournaient vers l’invasion russe de l’Ukraine, en février, la guerre civile au Yémen continuait de battre son plein pour une huitième année, dans une indifférence quasi générale. Ce conflit où la faim tue encore plus que les armes a pourtant généré l’une des plus grandes crises humanitaires au monde.

À la fin de 2021, au moins 377 000 Yéménites, dont plus de 10 000 enfants, avaient péri en raison du conflit, selon des données du Programme des Nations unies pour le développement. Environ trois sur quatre — soit près de 23 millions de personnes — ont un urgent besoin d’aide humanitaire  et la famine en menace près de 20 millions, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU. La guerre a également forcé plus de quatre millions de personnes à se déplacer à l’intérieur du pays.

Malgré tout cela, les Nations unies n’ont réussi qu’à obtenir un tiers des quatre milliards de dollars américains qu’elles demandaient lors d’une collecte de fonds destinée aux Yéménites organisée auprès de ses États membres en mars dernier. Un résultat encore plus dramatique dans un contexte d’explosion des prix des produits de base.

Des enquêteurs muselés

Les États membres de l’ONU ne se contentent pas de faire la sourde oreille. Certains s’activent afin de garder ce conflit dans l’ombre. À l’automne 2021, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies s’est prononcé contre la reconduction du mandat du Groupe d’éminents experts sur le Yémen. C’était la première fois que le Conseil interrompait les travaux d’un tel comité. Si 18 pays ont appuyé le renouvellement, 7 se sont abstenus et 21 ont voté contre, dont la Chine, la Russie, l’Inde et Bahreïn. « La communauté internationale a laissé tomber le Yémen », déplore Ardi Imseis, professeur de droit à l’Université Queen’s de Toronto et membre de ce comité à partir de 2019.

Le Groupe d’éminents experts sur le Yémen enquêtait depuis 2017 sur l’état des droits de la personne au pays et publiait annuellement ses résultats. En 2020, il avait invité le Conseil de sécurité de l’ONU à saisir la Cour pénale internationale de la situation et à créer un mécanisme d’enquête semblable à ceux instaurés pour la Syrie et le Myanmar. Le comité évoquait même la formation d’un tribunal spécialisé pour traiter des crimes internationaux perpétrés au Yémen.

« Nos appels répétés pour tenir les auteurs de nombreuses violations des droits de la personne et du droit international au Yémen responsables de leurs crimes dérangeaient tous les protagonistes du conflit, croit Ardi Imseis. D’ailleurs, les membres du comité n’ont pu avoir accès au pays que la première année de leur mandat. Par la suite, le gouvernement yéménite leur a interdit l’entrée, ce qui a compliqué les enquêtes. »

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