Cameroun: un rapport d'HRW dénonce une série d'exactions menées contre les civils dans les régions anglophones
Dans un rapport publié le 19 juillet, l'ONG Human Rights Watch (HRW) fait état de centaines de maisons brûlées, des meurtres de civils sans défense dans les régions anglophones du Cameroun.
Les enquéteurs de l'ONG détaillent une série d’exactions menées contre les civils, dont 180 000 ont dû fuir leurs villages. Dans les deux régions anglophones du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, les combats sont devenus quotidiens entre les forces de sécurité et les séparatistes armés qui réclament un Etat anglophone indépendant.
Dans ces régions extrêmement boisées et isolées, les forces séparatistes opèrent de plus en plus librement et les accrochages se multiplient avec les forces de sécurité qui semblent avoir opté pour «la tactique de la terre brûlée». Elles procèdent à des attaques massives contre des villages en les incendiant et en tuant ceux qui n’arrivent pas à fuir. C’est ce que confirme, au micro de RFI, Jonathan Pedneault, chercheur à la division urgence de Human Rights Watch. Il a enquêté pendant trois semaines en avril 2018 dans les régions anglophones du Cameroun.
«Plusieurs personnes m’ont décrit comment, à la suite d’une attaque ou d’une embuscade menée par les groupes armés, les forces de sécurité arrivent dans le village et commencent à tirer sur les habitants qui s’enfuient en forêt. Et lorsqu’ils retournent dans leurs villages, ils retrouvent des quartiers entiers brûlés et des cadavres de personnes âgées ou handicapées tuées pendant ces attaques.»
Dans son rapport intitué « Ces meurtres peuvent être stoppés », l’organisation de défense des droits de l’Homme pointe aussi les séparatistes anglophones qui «empêchent les enfants d’aller à l’école» et qui s’en prennent à des civils, considérés comme favorables au pouvoir.
«La communauté internationale doit agir afin de garantir que les deux parties prennent des mesures concrètes pour protéger les civils et garantir la justice concernant les crimes à leur encontre», plaide Mausi Segun, directrice de la division Afrique de l’ONG.
HRW constate que la répression menée par les forces gouvernementales a contribué, de façon significative, à radicaliser les activistes anglophones et à les pousser vers la lutte armée.
Si les séparatistes peuvent compter sur le soutien des populations excédées par les exactions des forces de sécurité, ils bénéficient surtout d’importants appuis de la diaspora anglophone camerounaise établie aux Etats Unis et en Europe, mais aussi en Afrique, notamment au Nigeria et en Afrique du Sud.
(Source: Geopolis Afrique)