Droits de la femme en Côte d'Ivoire: Apprendre à dire « J'ai le droit ! »
Les Objectifs de développement durable des Nations unies, surnommés l’Agenda 2030, reconnaissent l’importance de garantir l’égalité d’accès des femmes et des filles à un travail décent et à la représentation dans les processus de prise de décisions politiques et économiques afin de permettre l’instauration d’économies durables. En Côte d’Ivoire, les aspirations des femmes œuvrant dans des coopératives agricoles se heurtent toutefois à de nombreux obstacles. Pour les surmonter, un projet de coopération bilatérale avec le Québec leur propose de tendre vers l’autonomisation économique au moyen d’une approche basée sur les droits humains.
Par Mirja Trilsch et Chantal Kouadio
L’une des recommandations les plus largement partagées pour améliorer l’accès des femmes à une activité économique – et ainsi diminuer leur vulnérabilité – est la promotion de la dynamique coopérative. Selon ONU Femmes, cette forme d’organisation représente en effet une solution idoine pour l’autonomisation des femmes dans le monde, notamment dans le milieu rural, et particulièrement en Afrique. En favorisant les activités économiques dans les filières agricoles, artisanales ou agroalimentaires, les membres des coopératives deviennent des actrices du développement de leur pays et de leur propre autonomisation.
En Côte d’Ivoire, la Loi no 97-721 du 23 décembre 1997 relative aux coopératives établit un cadre de promotion et de régulation des activités agricoles. Elle a été renforcée le 14 décembre 2010 par l’adoption du 9e Acte uniforme de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires relatif au droit des sociétés coopératives. Cependant, une décennie plus tard, malgré un cadre juridique amélioré et la forte implication des femmes dans la production, la transformation et la commercialisation des produits locaux, leur représentation dans le secteur coopératif dans ce pays d’Afrique de l’Ouest reste encore faible. Elles sont en outre confrontées à des défis liés à la logique associative, au type d’activités, au financement, voire à la méconnaissance de leurs droits et des éléments fondamentaux d’un travail décent.
Si le modèle coopératif est une stratégie clé pour l’autonomisation économique et sociale des femmes et la réalisation du cinquième Objectif de développement durable des Nations unies – soit « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles » – comment s’assurer que les conditions permettent aux femmes d’y accéder et d’y exceller ? Le projet Vivre, mené cet été par la Clinique internationale de défense des droits humains de l’Université du Québec à Montréal (CIDDHU) et le Réseau ivoirien de défense des droits de l’enfant et de la femme (RIDDEF) propose de mieux outiller les femmes en matière de gestion de leurs coopératives et de défense de leurs droits.
Mirja Trilsch et Chantal Kouadio Mirja Trilsch est professeure de droit à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et directrice de la Clinique internationale de défense des droits humains (CIDDHU). Elle est spécialiste de droit constitutionnel et de droits humains. Chantal Kouadio est quant à elle présidente du Réseau ivoirien pour la défense des droits de l’enfant et de la femme (RIDDEF). |