Environnement : Les bioplastiques, "une fausse solution"
Huit millions de tonnes de déchets plastiques se déversent dans les océans chaque année, portant à 80% la proportion des déchets marins issus de cette matière, estime le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Plusieurs pays africains tentent de lutter contre cette pollution en interdisant les omniprésents sacs plastiques. Au Gabon, ils ont été remplacés par des modèles oxodégradables…qui ne font pas non plus l’unanimité.
Par Nelly Guidici
En 2005, trois ans avant que le Rwanda ne devienne le premier pays du continent à interdire l’utilisation, la fabrication et l’importation de sacs plastiques, H2O Gabon voyait le jour dans la ville côtière de Port-Gentil. Par ses représentations auprès des maires de Port-Gentil et de Libreville — la capitale —, l’ONG a ensuite joué un rôle central dans la mise en place de la loi interdisant « l’usage et l’importation de sachets plastiques non recyclables » à partir du 1er juillet 2010.
Son président, Henri Michel Auguste, se montre toutefois critique. « Les autorités ne sont pas allées jusqu’au bout de notre raisonnement, déplore-t-il. Nous avions souhaité que notre pays passe aux sacs biodégradables et compostables, et non aux oxodégradables, qui sont une hérésie écologique. »
En effet, le gouvernement a choisi comme substitut « écologique » un type de plastique auquel est ajouté un additif qui attaque sa chaîne moléculaire, et en accélère donc la fragmentation. « Le fractionnement des sacs, de macroparticules à microparticules, est un danger pour notre santé, fait valoir M. Auguste. Avec le vent, ces microparticules deviennent volatiles, et respirer du plastique n’est pas bon pour l’être humain. Dans cette matière que l’on appelle “oxo”, il n’y a pas de biodégradabilité. »
La position d’H2O Gabon rejoint en partie celles d’ONG européennes qui voient les bioplastiques comme « une fausse solution », dont Surfrider Foundation Europe. Pour Diane Beaumenay, chargée de mission déchets aquatiques au sein de cette association de protection et de mise en valeur des lacs, rivières et océans, des informations trompeuses sont diffusées à leur sujet. « Les soi-disant “bioplastiques” contiennent 30 % d’éléments biosourcés et 70 % d’éléments chimiques issus du pétrole, déclare-t-elle. Résultat : on trompe le consommateur, qui croit être vertueux et ne se doute pas que le sac biodégradable qu’on lui propose va polluer l’environnement. » Selon Mme Beaumenay, il n’y a pas à l’heure actuelle sur le marché de plastiques biosourcés à 100 %, et donc biodégradables.