Prix Nobel de la paix:Denis Mukwege, gynécologue congolais, et Nadia Murad, militante yézidie, récipiendaires
Le prix Nobel de la paix a été attribué, le 5 octobre, au gynécologue congolais Denis Mukwege et à la militante yézidie Nadia Murad, ex-esclave de l’organisation Etat islamique (EI), « pour leurs efforts pour mettre fin à l’emploi des violences sexuelles en tant qu’arme de guerre ».
« Denis Mukwege est quelqu’un qui a dédié toute sa vie à la défense des victimes des violences sexuelles perpétrées en temps de guerre. Sa colauréate Nadia Murad est le témoin qui relate les abus perpétrés à son encontre et d’autres », a déclaré la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen.
A 25 ans, Nadia Murad a survécu aux pires heures traversées par les yézidis d’Irak persécutés par les djihadistes, jusqu’à en devenir une porte-parole respectée de sa communauté. Conduite de force à Mossoul, la « capitale » irakienne du « califat » autoproclamé de l’EI, elle fut mariée de force, battue, torturée, violée, vendue et revendue comme esclave. Elle parviendra à s’échapper avec l’aide d’une famille de Mossoul, en gagnant le Kurdistan puis l'Allemagne où elle vit toujours. Elle poursuit son combat pour la cause yézidie depuis l’Europe et bénéficie du soutien de l’avocate et militante des droits de l’homme libano-britannique Amal Clooney.
Denis Mukwege est connu pour sa pratique de la chirurgie réparatrice auprès des femmes victimes de viol de guerre en République démocratique du Congo. L’hôpital de Panzi conçu pour permettre aux femmes d’accoucher en sécurité qu’il a créé 1999 devient rapidement une clinique du viol à mesure que le Kivu sombre dans l’horreur de la deuxième guerre du Congo (1998-2003) et de ses viols de masse. Cette « guerre sur le corps des femmes », comme l’appelle le médecin, continue encore aujourd’hui. « En 2015, on avait observé une diminution sensible des violences sexuelles. Malheureusement, depuis fin 2016-2017, il y a une augmentation », confiait-il en mars.
Depuis 2015, alors que la RDC s’enfonce dans une crise politique émaillée de violences, L’Homme qui répare les femmes, comme le décrit un documentaire sur son combat a dénoncé à plusieurs reprises « le climat d’oppression […] et de rétrécissement de l’espace des libertés fondamentales » dans son pays.
(Source: Le Monde)