République démocratique du Congo : massacres à dimension ethnique au Kasaï
La violence qui sévit dans la région du Kasaï, en République démocratique du Congo (RDC), semble prendre une dimension ethnique croissante inquiétante, a mis en garde un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) publié le 4 août.
Les informations recueillies par une équipe d'enquêteurs onusiens, suggèrent que certains abus et violations commis dans le Kasaï pourraient constituer des crimes au regard du droit international. L'équipe de l'ONU a été en mesure de confirmer que quelque 251 personnes ont été victimes d'exécutions extrajudiciaires et d'assassinats ciblés entre le 12 mars et le 19 juin 2017, notamment 62 enfants, dont 30 âgés de moins de 8 ans.
La Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO) a pour sa part recensé au moins 80 charniers dans la région.
Le rapport se fonde sur des entretiens menés avec 96 personnes qui ont fui vers l'Angola voisin pour échapper aux violences en cours dans le territoire de Kamonia au Kasaï. Les personnes interrogées ont indiqué que les forces de l'ordre locales et d'autres agents de l'État ont activement fomenté, alimenté et parfois même dirigé les attaques sur la base de l'appartenance ethnique.
Les combats entre la milice Kamuina Nsapu et le gouvernement ont commencé en août 2016. L'équipe de l'ONU a pu confirmer qu'une autre milice, appelée Bana Mura, avait été formée vers mars/avril 2017 par des personnes appartenant aux groupes ethniques Tshokwe, Pende et Tetela.
Les Bana Mura auraient été armés et soutenus par les chefs traditionnels locaux et des agents des forces de l'ordre, y compris de l'armée et la police, pour attaquer les communautés Luba et Lulua accusées de complicité avec les Kamuina Nsapu.
Selon le rapport, « les Bana Mura aurait initié une campagne visant à éliminer l'ensemble de la population Luba et Lulua dans les villages pris d'assaut ». Dans bon nombre des incidents signalés à l'équipe, des soldats des FARDC étaient à la tête des groupes de la milice Bana Mura lorsque les villages ont été assaillis.
Bon nombre de témoins et victimes parmi les Luba et les Lulua ont déclaré que la milice Bana Mura avait mené des attaques apparemment bien planifiées sur plusieurs villages du territoire de Kamonia en avril et en mai. Arborant des bandanas blancs fabriqués à partir de moustiquaires et des bracelets en feuilles, les miliciens Bana Mura s'en sont pris aux habitants Luba et Lulua, décapitant, mutilant et abattant leurs victimes, certaines ayant même été brûlées vives dans leurs maisons.
L'équipe onusienne a également recueilli des témoignages de viols et d'autres formes de violence sexuelle.
« Il incombe au gouvernement de veiller à ce que les personnes qui ont organisé, recruté et armé les miliciens Bana Mura ou d'autres milices soient identifiées et poursuivies », a averti a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad al Hussein.
(Source: ONU)