Géopolitique: Les États-Unis tirent leur révérence en Afghanistan
Par Florent Maiorana
Joe Biden a récemment promis que les troupes armées américaines auront quitté l’ensemble du territoire de l’Afghanistan d’ici le 11 septembre prochain, une date lourde de sens à l’approche du 20e anniversaire des attentats les plus meurtriers de l’histoire des États-Unis. Que cela signifie-t-il pour les relations entre les deux pays, mais aussi pour la population afghane ?
L’annonce est survenue quelques semaines après que l’administration Biden a démenti la possibilité de retirer tous les soldats américains avant le 1er mai, tel que conclu dans l’accord signé à Doha en février 2020 entre l’ancien président, Donald Trump, et les talibans. Ces derniers ont conquis quasiment l’entièreté du territoire afghan de 1996 à 2001 en vue d’y imposer la charia. L’intervention des Américains et de leurs alliés — les Britanniques, par exemple — a permis de reprendre le contrôle de cet État d’Asie centrale au profit d’un gouvernement élu démocratiquement en 2004.
L’effectif militaire américain en Afghanistan a grandement varié au fil des années. De 100 000 soldats au plus fort de la crise, en 2010, ce nombre est descendu à 2500 depuis janvier dernier, selon l’Agence France-Presse.
« J’ai conclu que l’heure est venue de mettre fin à la plus longue guerre de l’Amérique. Il est temps que les troupes américaines rentrent à la maison », a déclaré Joe Biden lors d’une allocution à la Maison-Blanche, le 14 avril dernier. Le quatrième président des États-Unis en poste depuis le déclenchement du conflit souhaite collaborer avec les institutions afghanes dans le but de quitter le pays « de manière sécuritaire et réfléchie ».
Après avoir laissé présager un départ d’ici 2022, Joe Biden a finalement choisi une date butoir symbolique : le 11 septembre 2021. Ce jour-là, 20 ans se seront écoulés depuis le détournement et l’écrasement de quatre avions de ligne dans un champ de la Pennsylvanie, sur le Pentagone à Washington et sur les tours jumelles du World Trade Center à New York, causant la mort de près de 3000 personnes.
« Ce triste anniversaire sera l’occasion de rendre hommage aux victimes et de tourner la page sur une guerre impopulaire, coûteuse et sans résultats », résume David Dubé, chercheur en résidence à l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques. Près de 65 000 civils sont morts, ainsi qu’environ 3000 soldats de plusieurs origines, dont les deux tiers provenaient des États-Unis.