Éthiopie: grave menace de famine à cause d'El Nino
Les chefs de quatre agences ou programmes de l'ONU ont tiré le 9 décembre la sonnette d'alarme sur l'arrivée prochaine en Ethiopie d'une grave famine due au phénomène climatique El Nino. Ils demandent un milliard de dollars aux bailleurs de fonds pour éviter une catastrophe.
« Le pays est à nouveau confronté à des conditions climatiques désastreuses : absence de pluies, des millions de personnes nécessitant une aide alimentaire et des enfants souffrant de grave malnutrition », précisent conjointement Stephen O'Brien, Secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence (OCHA), Antonio Guterres, Haut-Commissaire aux réfugiés (HCR), Ertharin Cousin, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM) et Anthony Lake, Directeur exécutif de l'UNICEF, dans une tribune adressée à la presse.
« Mais ce n'est plus l'Ethiopie des années 80. Sous la direction du gouvernement et avec l'aide de la communauté internationale , les Ethiopiens peuvent survivre à cette crise sans connaître une répétition de la famine dévastatrice qui a fait des centaines de milliers de morts il y a 30 ans ».
Deux saisons de suite de pluies faibles ou inexistantes, exacerbées par le phénomène El Nino le plus fort jamais enregistré, ont mené à la pire sécheresse depuis des décennies. Au début de cette année, moins de trois millions d'Ethiopiens avaient besoin d'une aide gouvernementale. Aujourd'hui, leur nombre est d'environ dix millions et les prévisions indiquent qu'il pourrait doubler en quelques mois.
Dans un pays qui est déjà l'hôte du plus grand nombre de réfugiés en Afrique, beaucoup de personnes sont inquiètes de la possibilité que la crise qui s'annonce pousse de nombreuses personnes, en particulier des agriculteurs, à se déplacer à la recherche de nourriture, d'eau et de pâturages.
Début 2016, selon les projections, 400 000 enfants pourraient souffrir de malnutrition aigüe, un état potentiellement mortel qui exige un traitement immédiat. Certains enfants qui en souffrent peuvent manifester une importante perte de masse corporelle et musculaire et ressembler à des vieillards ; d'autres peuvent être bouffis et perdre leurs cheveux. Ces deux séries de symptômes sont indicatives d'une probabilité élevée de mort.
Même si elle est traitée avec succès, la malnutrition aigüe peut affecter le développement physique et mental d'un enfant pendant toute sa vie.
« Nous savons que c'est ce qui va arriver. Nous savons comment l'éviter. Nous devons simplement agir, dès maintenant », ajoutent les quatre responsables.
Grâce notamment à des investissements dans les infrastructures, dans les routes, les conditions d'acheminement de l'assistance ont profondément changé depuis 30 ans. Mais ce qui n'a pas changé, c'est le climat rude et imprévisible qui peut causer subitement une pénurie de nourriture dans un pays où plus de 80% de la population dépend de l'agriculture.
« Il y a de nombreuses demandes de fonds auprès des donateurs et, selon les normes mondiales, l'Ethiopie n'a pas l'air d'un cas urgent. Mais quand ce sera le cas, ce sera déjà trop tard. Nous ne devons pas répéter l'erreur d'il y a 30 ans, quand le monde avait trop longtemps ignoré la crise qui s'annonçait et n'avait réagi à l'alerte que quand la situation était devenue ingérable », avertissent-ils.
(Centre d'actualité de l'ONU)