Éducation: Les nombreux défis de l'éducation en contexte d'urgence humanitaire
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime qu’il y a, à l’heure actuelle, 22,5 millions de réfugiés dans le monde, dont plus de la moitié ont moins de 18 ans. D’où l’importance de se pencher sur les enjeux de l’éducation en situation d’urgence, comme l’ont fait trois spécialistes québécois invités par l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire (OCCAH) le 16 mai dernier dans le cadre des Rendez-vous Gérin-Lajoie.
Par Mohamed Amine Mahhou
La majorité des enfants réfugiés et déplacés risquent de passer toute leur enfance loin de chez eux – la durée moyenne de déplacement est d’environ 20 ans, selon le HCR –, ce qui augmente leur risque de ne pas avoir accès à une éducation. Pourtant, les diverses déclarations et conventions internationales stipulent que l’éducation est un droit humain fondamental pour tous les enfants, quelles que soient leurs circonstances. Dans le contexte de volonté transformationnelle qui a mené à la récente adoption du Pacte mondial sur les réfugiés, cela risque de se traduire par une intégration accrue des réfugiés dans les systèmes scolaires formels des pays hôtes. La communauté internationale fait effectivement le pari qu’une plus grande intégration des jeunes dans la communauté d’accueil mènera à plus d’opportunités d’emploi et de développement économique pour les réfugiés dans leur premier pays d’asile. En revanche, cela risque de causer des défis considérables notamment en matière de soutien à des élèves en très grandes difficultés pour des systèmes éducatifs surchargés manquant déjà dramatiquement de ressources.
Des défis majeurs en vue
Le professeur Patrick Charland, co-titulaire de la Chaire UNESCO de développement curriculaire et panéliste invités par l’OCCAH, a souligné que les réfugiés sont souvent installés dans des zones rurales, reculées et sous-desservies qui font déjà face à des défis particulièrement importants en matière d’éducation. « De nombreuses études montrent que l’enseignant est le facteur scolaire le plus important affectant la qualité de l’éducation, en particulier dans les contextes de réfugiés, où l’enseignant est parfois la seule ressource disponible pour les élèves », a renchéri le directeur scientifique de l’OCCAH et expert des initiatives d’éducation dans les camps de réfugiés Olivier Arvisais. Les infrastructures et les ressources sont limitées, et c’est pourquoi la formation et le développement professionnels sont primordiaux. Malheureusement, ces aspects sont souvent négligés dans les contextes de crises humanitaires. La majorité des enseignants sont issus de la communauté des réfugiés. Ils ont parfois eu l’opportunité de suivre une formation de quelques jours en pédagogie. Le défi de la formation initiale et continue de ces enseignants est donc colossal.
Toujours selon le professeur Arvisais, le second grand défi est lié aux compétences en littératie des jeunes réfugiés, c’est-à-dire leur aptitude à lire, à comprendre et à utiliser l'information écrite dans la vie quotidienne. Plusieurs études ont démontré qu’il s’agit du premier facteur déterminant de la réussite scolaire, en plus de permettre la réalisation d’apprentissages durables...