RDC : 770 000 enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë au Kasaï
Dans un rapport publié le 11 mai, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) met en évidence une situation humanitaire préoccupante pour les enfants congolais vivant au Kasaï, région du centre de la RDC.
« Les conflits et les déplacements continuent d’avoir des conséquences dévastatrices pour les enfants du Kasaï », a déclaré Fatoumata Ndiaye, Directrice générale adjointe de l’UNICEF, de retour d’une mission dans la région.
Selon l’UNICEF, un enfant sur 10 au Kasaï souffre de malnutrition aiguë sévère. Avec la diminution des violences les familles commencent à rentrer dans leurs communautés.
« Elles rentrent de la brousse où elles ont pu se réfugier pendant des mois et où les enfants n'ont pas eu accès à de l'eau propre et à de la nourriture correcte », a dit Christophe Boulierac, porte-parole de l'UNICEF. « Et on s'aperçoit aujourd'hui qu'énormément d'enfants sont dans un état nutritionnel absolument désastreux. 400 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère et nous avons pu en traiter 71 000 », a-t-il expliqué.
L’insécurité alimentaire au Kasaï a été aggravée par une forte baisse de la productivité des terres liée aux déplacements, selon le rapport intitulé Kasaï : les enfants, premières victimes de la crise. De nombreuses familles chassées de leurs maisons ont été dans l’incapacité de planter et de récolter, ce qui a entraîné une augmentation des niveaux de malnutrition.
L’UNICEF avertit que si des mesures urgentes ne sont pas prises pour renforcer la réponse humanitaire, le nombre de décès d’enfants pourrait monter en flèche. « Il y a quelques semaines j'étais dans des hôpitaux au Kasaï et j'ai vu en l’espace de quelques jours, des enfants succomber à des complications de la malnutrition aiguë sévère et des mamans revenaient toujours avec leurs enfants malnutris », a rapporté Christophe Boulierac ».
« Si nous ne réagissons pas rapidement, si il n'y a pas une réponse nutritionnelle à cette situation, nous prévoyons une hausse de la mortalité infantile très importante totalement en lien avec la malnutrition », a prévenu le porte-parole.
Au Kasaï, le conflit a endommagé un nombre important d’infrastructures de soins et éducatifs. Plus de 200 centres de santé ont été pillés, brûlés ou détruits pendant le conflit alors que plus de 400 écoles ont été attaquées ou utilisées à des fins militaires.
Sur le plan sanitaire, la vaccination des enfants a été interrompue par la violence et la région fait maintenant face à des flambées de choléra et de rougeole. « Des milliers d’enfants déplacés ont passé des mois sans accès aux services dont ils ont besoin - comme les soins de santé, l’eau potable et l’éducation - et leur bien-être a énormément souffert », a ajouté Fatoumata Ndiaye.
Depuis le début du conflit au Kasaï en 2016, des centaines de milliers de personnes ont été chassées de leurs foyers et de leurs communautés. Malgré l’accalmie observée depuis plusieurs semaines, quelque 3,8 millions de personnes, dont 2,3 millions d’enfants, ont besoin d’une aide humanitaire.
(Source: ONU)