Rendez-vous Gérin-Lajoie: Quels impacts aura la pandémie sur le commerce international?
Pascal Lamy, invité spécial de la 2ème édition
Par Marie-Claude Savard, responsable recherche et contenu à l’Institut d’études internationales de Montréal
À l’occasion de sa série annuelle de conférences publiques baptisées les Rendez-vous Gérin-Lajoie, l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM) s’est entretenu le 6 novembre dernier avec Pascal Lamy, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce de 2005 à 2013 et président du Forum de Paris sur la paix depuis 2019. Se sont joints à la conversation Christian Deblock, économiste et professeur titulaire au Département de science politique de l’Université du Québec à Montréal, Michèle Rioux, professeure au même département et directrice du Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation, et Nicholas Rémillard, président et chef de la direction du Forum économique international des Amériques.
L’entretien animé par le président de l’IEIM, Bernard Derome, et la journaliste de Radio-Canada Julie Drolet a porté sur l’effet de l’actuelle crise sanitaire sur la reconfiguration de la mondialisation et sur la réarticulation des systèmes nationaux et internationaux, dont l’une des manifestations est l’intensification du protectionnisme.
Accéléré par la COVID-19, notamment sur le plan sanitaire et phytosanitaire, le « précautionnisme » – tendance selon laquelle les États accordent un intérêt croissant au risque et à la protection des populations – multiplie quant à lui les régulations qui présentent des obstacles à l’échange commercial. Selon Pascal Lamy, ce précautionnisme et la réglementation qui en découle modifient les approches de dialogue et de négociation commerciale entre différents acteurs. Le tout révèle des oppositions en matière de priorités de protection de l’environnement et des populations, ou encore des producteurs et des marchés. Le rôle des régulateurs se voit désormais rehaussé dans un contexte de précautionnisme, soulevant des questions sur la façon dont le système international saura s’organiser et s’harmoniser dans la recherche de convergences, estime le président du Forum de Paris sur la paix.
Alors que nous assistons à l’affaiblissement du multilatéralisme et à la croissance de l’autarcie de certaines puissances économiques, dont la Chine, Pascal Lamy constate que la capacité de concertation des acteurs du système privé excède celle est acteurs étatiques. Le tout transparaît dans le « polylatéralisme », ce type de gouvernance internationale émergente qui implique de nouveaux acteurs hétérogènes non étatiques, tels que les grandes institutions économiques ou certaines métropoles qui exercent un pouvoir à l’échelle mondiale, modifie les modes de coopération internationale en outrepassant le multilatéralisme classique des États-nations.
Les interventions de Pascal Lamy, mais également celles de Christian Deblock, Michèle Rioux et Nicholas Rémillard, ont ainsi soulevé plusieurs questions quant aux nouvelles voies de coopération et de diplomatie commerciale qui se dessinent en réponse à la crise sanitaire et à la réarticulation des systèmes internationaux qui l’accompagne.
L’entretien avec Pascal Lamy est disponible sur le site de l'IEIM