Sénégal: Terre fertile pour les initiatives québécoises
Malgré les nombreuses latitudes qui séparent le Québec et le Sénégal, leur connexion s’affermit visiblement avec les années. La proximité langagière entre les patries des poètes Léopold Sédar Senghor et Gaston Miron s’est transformée en ce que le tout premier Délégué général du Québec à Dakar, Younes Mihoubi, définit comme « un partenariat gagnant-gagnant ». Coup d’œil sur quatre structures, issues de la Belle Province, implantées au pays de la Teranga dans des secteurs d’activités fort divergents, avec pour trait d’union leur affiliation culturelle et sociale.
Par Hélène Boucher
L’appel du faire ensemble francophone
La présence du Québec au Sénégal s’est d’abord manifestée par une dynamique de coopération internationale, avec comme pilier la Fondation Paul Gérin-Lajoie, dont la première implantation africaine en 1987 débute à Saint-Louis pour atteindre la pointe nord du pays. Sachant que d’ici 2100, 40 % de la population mondiale sera africaine et que plus de 750 millions de locuteurs s’exprimeront en français, « le centre de gravité de la Francophonie migre désormais du nord de l’Europe vers l’Afrique subsaharienne, ce qui pour le Québec est primordial pour se positionner » dans l’espace francophone, estime Younes Mihoubi.
Des partenariats économiques se profilent aussi de plus en plus entre les deux nations, dans des secteurs où le Québec incarne une valeur ajoutée, sans avoir les mêmes moyens financiers de puissances comme la France ou la Chine : l’agroalimentaire, l’agriculture, l’intelligence artificielle, etc. « La façon de faire du Québec se distingue par un credo bien à lui : nous allons apprendre ensemble ! », résume le Délégué général.
Artistiquement liés
Le pôle culturel s’insère également dans la stratégie bilatérale du Québec au Sénégal. Pour nouer des liens artistiques, la Délégation a mis sur pied un système de résidences croisées en arts visuels avec le Conseil des arts et des lettres du Québec et le ministère de la Culture et de la Communication du Sénégal. Amy Célestina Ndione est l’une des deux artistes sénégalaises qui en ont bénéficié pour découvrir le monde culturel montréalais en octobre 2018. Durant deux mois, la jeune femme a pu tracer au fil de ses œuvres un parallèle entre les transports en commun de Dakar et ceux de la métropole, où elle a enrichi son imaginaire à coup de trajets en métro et en autobus de la Société de transport de Montréal (STM). En plus de côtoyer des artistes québécois, Mme Ndione a exposé en novembre dernier au Centre d’art et de diffusion CLARK. Une opportunité en or pour expliquer sa vision et sa technique de collage-couture à base de peinture acrylique et texture avec des matériaux de récupération. « Cette expérience m’a permis de découvrir d’autres formes artistiques inhérentes au Québec, ainsi que de m’exprimer avec des étudiants en art. Et j’ai adoré la première neige ! », se remémore celle qui prépare une exposition dans l’enceinte de la Délégation générale en vue de la Fête nationale, le 24 juin. L’artiste photographe montréalaise Érika Nimis a quant à elle réalisé une résidence à Dakar en février 2018, au sein de la Raw Material Company.
La griffe mécanique Dubé
Dans la lignée idéologique du « faire ensemble », Michel Dubé, entrepreneur originaire d’Asbestos, en Estrie (région du Québec située le long de la frontière avec les États-Unis), insuffle un sens pratique à son entreprise de maintenance d’équipements industriels lourds basée à Rufisque, un peu à l’est de Dakar. « Je travaille seulement avec les Sénégalais, sans aucun intermédiaire ! », lance l’expert en équipements miniers et ferroviaires, l’un des premiers Québécois à avoir choisi le Sénégal comme terreau industriel.