Soudan du Sud: viols et violences sexuels sont monnaie courante selon l'ONU
La Commission des Nations Unies sur les droits de l’homme au Soudan du Sud a dénoncé le 20 février la poursuite des violations des droits humains dans ce pays d’Afrique de l’Est, notamment les nombreux viols et violences sexuelles.
Ces violations pourraient être constitutives de crimes de guerre, ont souligné les membres de la Commission dans un rapport rendu public à Genève et à Nairobi. Selon ce rapport, « la situation s’est nettement aggravée » au Soudan du Sud.
Les violences sexuelles, loin d’être en recul, ont augmenté. Des cas documentés dont a pris connaissance la Commission, confirment une forte augmentation des viols entre novembre et décembre 2018, tout particulièrement dans l’Etat du Liech du Nord, dans le nord du pays.
« Il existe une tendance confirmée selon laquelle les combattants attaquent des villages, pillent des maisons, prennent des femmes comme esclaves sexuelles, puis mettent le feu à leurs maisons souvent avec des gens à l'intérieur », a déclaré la Présidente de la Commission, Yasmin Sooka, dans un communiqué publié par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH).
« Les viols, les viols collectifs, les mutilations sexuelles, les enlèvements et l'esclavage sexuel, ainsi que les meurtres, sont devenus monnaie courante au Soudan du Sud. Il ne fait aucun doute que ces crimes sont persistants car l'impunité est tellement enracinée que tout type de norme est enfreint », a-t-elle ajouté.
Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), 25% des victimes de violences sexuelles au Soudan du Sud sont des enfants. Des viols de filles aussi jeunes que sept ans ont été rapportés. Des femmes âgées et des femmes enceintes ont également été violées.
A Leer, dans l'État d’Unité du Sud, la Commission a documenté un cas où plus de 8000 jeunes hommes ont été recrutés pour se battre avec pour mots d’ordre : « Vous allez prendre du bétail à Mayendit, vous enlèverez et violerez également les belles femmes que vous y trouvez, vous pillerez leurs propriétés ». On a également dit à ces hommes que c'était le moment idéal pour se venger des parents qu'ils avaient perdus durant le conflit et qu'ils n'auraient jamais une telle occasion à l’avenir.
Notant que l’absence de responsabilité pour les décennies de violence perpétrée au cours de la lutte pour l'indépendance a contribué à alimenter le conflit actuel au Soudan du Sud, le rapport de la Commission souligne qu'une paix durable requiert une reddition des comptes ainsi qu’une justice crédible et tangible pour les milliers de victimes.
« Cependant, nous devons également noter que l'impunité généralisée reste la norme » au Soudan du Sud, a déploré a déclaré Andrew Clapham, membre de la Commission.
(Source:ONU)