Droits des femmes: Le théâtre social comme exutoire
Violences faites aux femmes et aux filles
Le théâtre social comme exutoire
Benoîte Labrosse
« L’art social a pour rôle d’embrasser les cœurs et d’accrocher les consciences », résume le metteur en scène congolais Pascal Bukasa Oshosho. C’est le pari que font Oxfam-Québec et ses partenaires avec leur projet de co-création théâtrale destiné à lutter contre les violences faites aux femmes à Kinshasa. Sans Frontières en a rencontré les artisans lors de leur passage à Montréal.
« Nous ne pouvons plus rester sous la dépendance des autres. Maintenant, nous commençons à ravoir l’espoir. Nous aimerions avoir du travail. (…) Nous devons nous unir pour remettre Haïti sur les rails. Nous sommes Haïti, Haïti c’est nous ! » Écrites par des Haïtiens à la suite du tremblement de terre de janvier 2010, ces phrases ont été portées sur scène par six interprètes multidisciplinaires locaux dans le cadre du projet d’art social Ayiti, Pawòl lapli ak lakansyèl (Haïti, mots de pluie et d’arc-en-ciel, en créole), porté entre autres par les ONG Oxfam-Québec et One Drop.
Ces mêmes phrases avaient émergé des écrits de 287 participants à la Grande Cueillette des mots, un procédé de co-création mis au point par Angèle Séguin, directrice artistique du Théâtre des Petites Lanternes (TPL) à Sherbrooke (est du Québec). « Il s’agit d’un processus d’art social extrêmement rigoureux qui part d’une demande du milieu, explique-t-elle. Il s’adapte partout dans le monde, à petite comme à grande échelle, mais les étapes restent les mêmes. Et deux éléments majeurs ne changent pas : la présence d’un comité de pilotage et le fait de ne pas pouvoir modifier les mots recueillis. L’objectif est que les écrivants se sentent entendus et qu’en voyant le spectacle, ils reconnaissent leurs paroles. »
« En Haïti, la pièce faisait partie du volet “sensibilisation” d’un plus large programme post-catastrophe », rappelle Maxime Allard, chargé de programme d’Oxfam-Québec. L’expérience ayant été « concluante », l’ONG a décidé d’inclure une Grande Cueillette des mots à son actuel Programme de coopération volontaire ACCÈS Innovation, qui vise un transfert d’innovation et le renforcement des compétences des organisations locales dans 10 pays sur une période de cinq ans. « Le théâtre social a comme objectif d’utiliser l’art pour mettre de l’avant des enjeux sociaux sur lesquels une communauté veut se questionner et essayer d’amorcer une transformation, souligne Mme Séguin. Le dialogue avec la communauté est primordial, car les artistes utilisent la scène pour se faire porte-voix, mais aussi pour donner une autre perspective, élever un peu plus loin le propos social. »