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(Crédit Photo: REJADD-Togo)

Urgence: Au cœur de la crise sociopolitique togolaise

Togo
Au cœur de la crise sociopolitique

Par Fousseni Saibou

Depuis août dernier, des villes togolaises comme Sokodé, Mango et Bafilo, où la contestation populaire contre les 50 ans de pouvoir de la famille Gnassingbé est la plus forte, sont le théâtre d’une violente répression militaire et policière. Un contexte qui rend quasi impossible le travail des organisations humanitaires. La section togolaise du Regroupement des Jeunes Africains pour la Démocratie et le Développement (REJADD-Togo) est parmi les très rares ONG encore présentes sur le terrain. Sans Frontières a rencontré son président, Johnson Kwassi Assiba Biova, à Sokodé.

Q: Plusieurs organisations, dont REJADD-Togo, dénoncent les nombreux abus et violations des droits de l’homme commis depuis le 19 août au Togo, surtout à l’intérieur du pays. Pouvez-vous nous résumer la situation ?
R: [Le pays vit] une grave crise sociopolitique qui a fait à ce jour plus de 16 morts, des centaines de blessés, des arrestations et a provoqué un afflux massif de réfugiés. Tout a commencé par un bras de fer entre le gouvernement et le Parti national panafricain (PNP) à propos des itinéraires des marches que ce nouveau parti avait programmées dans cinq villes pour exiger des réformes constitutionnelles. Le gouvernement a interdit ces marches, qui ne suivaient pas les itinéraires imposés aux organisateurs. À la suite du refus du PNP de se plier aux exigences gouvernementales, les forces de l’ordre ont fait usage de violence pour disperser les manifestants. Ceci a occasionné deux morts par balles [Mamadou Afissou Sibabi et Bastou Ouro-Kefia] et plusieurs blessés à Sokodé, l’épicentre de la contestation contre le régime en place.
D’autres pertes en vies humaines, des blessures par balles et par bastonnades et de nombreuses arrestations ont été enregistrées au cours des manifestations de l’opposition qui ont suivi. Surtout à Sokodé [centre], Mango [nord] et Bafilo [nord-est], trois villes assiégées par l’armée et où se déroulent les pires formes d’exactions contre les populations. Depuis deux mois, les militaires y ont en effet lancé une expédition punitive pour venger leurs deux camarades lynchés par la population de Sokodé, selon ce que rapporte le ministère de la Sécurité. Sans compter les parodies de procès des personnes arrêtées lors des manifestations : les tribunaux ont refusé que les prévenus s’y fassent assister par leurs avocats. Les activités des défenseurs des droits de l’homme ont aussi été entravées sur le terrain. Ils ont régulièrement fait l’objet de menaces de la part des forces de l’ordre et des militaires. En plus, le gouvernement a privé l’ensemble de la population de la connexion Internet à plusieurs reprises pendant plusieurs jours.

Q: Quels ont été les affrontements les plus marquants de l’automne ?
R: Le 20 septembre, à Bafilo, nous avons assisté à une violente répression de la manifestation de l’opposition par des forces de sécurité appuyées par des militaires. Nous avons été débordés ce jour-là. Il y a eu plus de 100 blessés par balles, cinq par bastonnades et un décès, un jeune de 15 ans nommé Rachad Maman. Le même jour, à Mango, situé plus au nord, la répression a fait trois morts dont un enfant de 9 ans [Abdoulaye Yacoubou] tué par balles, une vingtaine de blessés et plus de 450 déplacés vers le Ghana. À Lomé, les manifestations interdites des 18 et 19 octobre se sont soldées par un décès [Kokou Joseph Zoumekey, 9 ans] et plusieurs blessés par balles. Les forces de l’ordre, appuyées par des individus cagoulés soupçonnés d’être des miliciens à la solde du pouvoir, ont semé la terreur dans la ville durant ces deux jours, faisant usage d’armes blanches et de fusils silencieux. Plusieurs interpellations, dont celles de trois membres du mouvement citoyen NUBUEKE, ont eu lieu. Autres dates marquantes : les 7, 8 et 9 novembre. La répression violente des marches de ces trois jours a fait une trentaine de blessés par bastonnades à Sokodé, une dizaine à Bafilo ainsi qu’une dizaine d’arrestations dans les deux villes.

Q: Quelles actions le REJADD-Togo peut-il mener dans ce contexte ?
R: Nous avons déployé tous nos membres [huit] dans les zones de tension. Au cours des manifestations, munis de nos « gilets d’observation » pour se distinguer des manifestants et des forces de l’ordre, nous abordons les représentants de ces dernières. Nous avons quelques fois réussi à calmer certains commandants, et ainsi préserver les populations de violences inutiles. Il nous arrive de nous interposer entre manifestants et forces de l’ordre pour sauver des vies humaines. Mais dans la plupart des cas, nos actions n’ont fait que retarder les répressions. Quand celles-ci se produisent, nous alertons l’opinion nationale et internationale et nous nous occupons des blessés en fonction des moyens disponibles. Nous prenons par exemple en charge leurs frais médicaux et suivons l’évolution de leur état de santé jusqu’à leur rétablissement. Nous faisons aussi des plaidoyers auprès des autorités pour la libération des personnes arrêtées arbitrairement. Et très souvent, grâce à nos interventions, certaines personnes appréhendées sont aussitôt relâchées.

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Dans la catégorie Numéro 36 (Déc 2017- Fév 2018)

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