Témoignage: Clowns Sans Frontières
« Heureusement, j’avais un objectif et la sensation d’être utile »
Manon Cruz
Sébastien Genebes a été responsable artistique d’un projet de l’association pour le droit à l’enfance Clowns Sans Frontières à Madagascar en 2015. Il a raconté à Sans Frontières les appréhensions qui l’habitaient au moment d’accepter sa toute première mission, ainsi que ses observations une fois arrivé sur le terrain.
Le sida. Ce mot vous glace. Son bilan mortel, lui, continue de s’alourdir dans plusieurs pays. Sébastien Genebes, artiste de rue français et membre Clown Sans Frontières, le savait avant d’accepter sa première mission à Madagascar, il y a trois ans. L’homme de 45 ans ne nie pas les nombreuses appréhensions qui l’ont submergé lorsqu’on lui a présenté le projet. « Les habitants sont exposés à une épidémie de sida pour des raisons socioculturelles, et non pas génétiques, affirme-t-il. Il y a de la prostitution, notamment chez les enfants des rues. C’était délicat de me dire que je serais confronté à des jeunes qui subissent des pratiques sexuelles douteuses. »
Une charge émotionnelle difficile à supporter à première vue. « Il m’a fallu un temps de réflexion », confie celui qui donnait alors des spectacles dans les rues de Bordeaux. Les semaines ont défilé et la certitude des bienfaits d’une telle mission s’est cependant affirmée. « C’était tout de même intéressant d’un point de vue humain, artistique et culturel. » Il a donc accepté de partir une dizaine de jours à Madagascar à titre de responsable artistique d’un projet destiné à favoriser l’expression des enfants vulnérables par le jeu, le chant et le théâtre, et par le fait même renforcer les activités de prévention du sida.
Une fois sur place, dans la capitale malgache Tananarive, puis à Tuléar (sud), ses préjugés sont tombés. Sébastien et son équipe de quatre personnes – trois musiciens locaux et la présidente du réseau malgache de lutte contre le VIH MAD’AIDS – ne chôment pas. Tous les jours, ils rencontrent des groupes de 20 à 100 enfants. « J’ai été étonné par la simplicité du rapport avec les enfants, leur spontanéité et leur légèreté contagieuse, reconnaît l’artiste bordelais. Ils n’étaient pas tristes et malades, mais gais et extrêmement joyeux. »