Haïti: plus de 200 000 enfants exploités comme domestiques
Plus de 200 000 enfants haïtiens de moins de 15 ans, séparés de leurs parents biologiques, travaillent dans des conditions inacceptables selon une étude menée par une vingtaine d'ONG sous la direction du ministère des Affaires sociales.
« C'est une problématique complexe qui fait appel à des habitudes culturelles et changer les mentalités ne se fait pas à coup de décret », a déclaré le 11 décembre le ministre haïtien des Affaires sociales et du Travail, Ariel Henry.
Le phénomène des enfants domestiques, appelés « restaveks » en créole, est une forme de solidarité traditionnelle en Haïti où les parents les plus pauvres, majoritairement vivant en zone rurale, placent leurs enfants chez un proche ou un tiers dans l'espoir qu'ils aient de meilleures conditions de vie.
Selon l’étude, si beaucoup de jeunes bénéficient réellement d'un meilleur environnement de vie, trop se retrouvent abusés, devenus domestiques du foyer d'accueil dans des conditions analogues à l'esclavage.
Parmi les 207 000 mineurs exploités âgés de moins de 15 ans et travaillant plus de 14 heures par semaine, 24 % travaillent même parfois la nuit.
Au-delà des peines physiques et de la charge de travail empêchant l'enfant de suivre sa scolarité, les autorités et partenaires internationaux s'inquiètent des souffrances psychologiques vécues par ces enfants.
« Ces enfants sont exploités par des citoyens haïtiens qui ont l'impression d'aider », s'insurge Arielle Jeanty Villedrouin. « Nous devons tous nous révolter car c'est une perte non seulement pour l'enfant mais pour la société tout entière », affirme la directrice de l'Institut du bien-être social et de recherches (IBESR), l'administration nationale en charge de la protection de l'enfance.
L'éradication du travail des enfants est un défi de taille pour Haïti car près de 60 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, avec moins de 2,44 dollars par jour.
(Source: Lapresse.ca)