Haïti : Des employés d'Oxfam s'offraient des prostituées grâce à de l'aide humanitaire
Des employés de la branche britannique d’Oxfam auraient eu recours à des prostituées, certaines mineures, avec l’argent de l’ONG, pendant une mission à Haïti en 2010, a rapporté le 9 février le journal britannique The Times.
De jeunes prostituées auraient été engagées pendant une mission humanitaire, après le séisme de 2010, et auraient participé à des orgies dans des logements et des hôtels payés par l’ONG.
L’association caritative avait débuté une enquête interne en 2011, qui a mis à jour « une culture d’impunité » parmi les employés. Selon le journal, le responsable d’Oxfam à Haïti, le Belge Roland van Hauwermeiron, avait démissionné sans subir de sanctions disciplinaires, bien qu’il ait supposément reconnu avoir engagé des prostituées.
Deux autres hommes auraient apparemment démissionné, et quatre autres auraient été renvoyés. Aucune action en justice n’a été engagée.
« Oxfam prend toute accusation de comportement déplacé très au sérieux », a déclaré sa porte-parole à l’AFP. L’ONG a reconnu que des allégations de recours à des prostituées mineures avaient été émises, mais qu’elles « n’étaient pas prouvées ».
La justice haïtienne n'a pas été informée de l'affaire.
Oxfam avait rendu publique l'enquête en Haïti via des communiqués de presse les 5 août et 5 septembre 2011. Mais ces communiqués faisaient à l'époque état d'écarts de conduite, sans en préciser la teneur.
Après l'enquête, Oxfam UK a effectué une évaluation approfondie et a pris un ensemble de mesures pour prévenir ce type d'abus. Un comité de sauvegarde spécifique et une ligne directe pour dénoncer de tels actes ont notamment été créés.
Contactée par Radio-Canada, la directrice d'Oxfam-Québec, Denise Byrnes, a déclaré que « ce sont des comportements qui sont inexcusables et qui vont totalement à l'encontre des valeurs profondes d'Oxfam. Nous ne pouvons tolérer aucun comportement de ce genre et nous devons nous assurer d'avoir toutes les mesures possibles en place pour éviter que ça n'arrive encore ».
Comme le rappelle Radio Canada, Oxfam UK, reçoit chaque année environ 300 millions de livres (environ 525 millions de dollars canadiens) du gouvernement britannique et du public et a un code de conduite qui interdit toute exploitation sexuelle. Elle souscrit également à un code de conduite des Nations unies qui interdit tout achat de services sexuels.
Le secrétaire en chef du Trésor britannique, Liz Truss, dit avoir trouvé les révélations du Times « choquantes, écoeurantes et déprimantes ».
(Sources :Lecho.be, Rtbf.be, Radio Canada)