Haïti : le mensonge de l'ONU face au scandale du choléra
Un rapporteur des Nations unies a qualifié le 26 octobre de nouveau « Watergate » le mensonge de l'ONU, qui a refusé de reconnaître sa responsabilité dans l’importation du choléra sur l’île en 2010.
Dans son rapport présenté à l’ONU, Philip Alston, professeur de droit à l’université de New York et rapporteur spécial des Nations unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’Homme, a qualifié de « honte » et de « déni explicite et complet » de l’organisation quant à sa responsabilité dans la propagation du choléra en Haïti il y a six ans.
Il a déclaré à France 24 : « La situation est très claire : l’ONU est responsable de l’importation du choléra en Haïti, mais la position officielle adoptée a été de dire : 'Nous ne sommes pas coupables'. C’est un scandale du niveau du Watergate de mon point de vue ».
L’épidémie, qui sévit toujours en Haïti, est réapparue en 2010, pour la première fois depuis 100 ans, peu de temps après le tremblement de terre de janvier qui avait dévasté le pays, faisant des dizaines de milliers de morts. L’ONU avait attribué l’expansion de l’infection sur l’île à une « combinaison de facteurs », alors que de nombreuses études scientifiques indiquaient que la maladie avait été importée par une équipe de casques bleus népalais de la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation d'Haïti), qui en étaient porteurs.
D’après Philip Alston, l’épidémie n’a été provoquée que par un seul « facteur », « les excréments de ces casques bleus népalais, qui sont arrivés [en Haïti] avec le choléra, et qui ont été jetés dans une rivière ».
Ces révélations interviennent alors que l’ONU prévoit le déblocage d’une enveloppe de 400 millions de dollars pour aider les victimes actuelles de l’épidémie de choléra qui s’est répandue après l’ouragan Matthew. Une enveloppe qui dépend toutefois de la capacité de l’ONU à convaincre les donateurs sollicités de participer à l’aide financière.
L’ancien secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait reconnu en août que l’ONU avait « une responsabilité morale vis-à-vis des victimes » et se devait « d'aider Haïti à surmonter l'épidémie et à construire des systèmes sanitaires et de santé solides ».
Mais l’ONU n’a jamais reconnu sa responsabilité juridique et a toujours invoqué son droit à l’immunité dans le but de se prémunir d’éventuelles poursuites de la part des victimes haïtiennes qui demanderaient des compensations.
Philip Alston accuse notamment le Bureau des affaires juridiques d’avoir élaboré « un argument juridique clairement artificiel et totalement infondé pour éviter à l’organisation d’assumer sa responsabilité ». Selon lui, l’ONU n’aurait pas dû utiliser son droit à l’immunité pour se soustraire au litige.
L’épidémie a tué plus de 9 000 Haïtiens.
(Source : Avec France 24)