Dossier Haïti: le pays stagne à la 53e place
Même si trois gouvernements s’y sont succédé depuis 2015, Haïti continue à faire du surplace en matière de liberté de la presse. Le pays stagne au 53e rang du classement mondial de Reporters sans frontières (RSF), dont la plus récente édition a été publiée mi-avril. Sans Frontières a tenté de comprendre pourquoi.
par Anderson Pierre
« Les journalistes haïtiens sont toujours victimes d’un cruel manque de ressources financières, de l’absence de soutien de la part des institutions et d’un accès difficile à l’information », résume Reporters sans frontières (RSF). Ce n’est donc pas un hasard si le pays, qui occupait la 47e place en 2014, peine à progresser au palmarès. Cette année, Haïti affiche un score de 26,36 points sur 100. Il se retrouve ainsi dans la zone orange du classement, aux côtés d’une cinquantaine de pays ayant des « problèmes significatifs », comme l’Argentine (50e place), l’Italie (52e) ou encore le Brésil (103e). La République dominicaine, avec qui Haïti partage l’île d’Hispaniola, est classée 59e.
Sans Frontières a cherché à obtenir des explications de professionnels de la presse haïtienne, mais malheureusement, aucun de ceux que nous avons contactés n’était disponible. Nous en avons plutôt discuté avec Jeffrey Clark Lochard, spécialiste en communication et informatique au bureau de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à Port-au-Prince.
Tout en reconnaissant qu’il y a encore beaucoup d’efforts à faire, M. Clark Lochard estime que la position d’Haïti dans le classement de RSF « n’est pas si mal » étant donné qu’« aucun journaliste n’a été tué dans l’exercice de sa profession ».
Si aucun cas de poursuites judiciaires, d’emprisonnements ou d’assassinats n’a effectivement été enregistré durant ces trois dernières années sur le sol haïtien, les journalistes n’y ont pourtant pas été à l’abri des persécutions politiques. Vers la fin de son mandat, et même après, l’ex-président Joseph Michel Martelly a par exemple tenu des propos à caractères sexuels à l’égard de deux journalistes – Lilianne Pierre Paul, présentatrice du Journal 4 heures sur les ondes de la Radio Kiskeya, et Jean Monard, animateur des émissions Ranmase et Intersection à Radio Caraibes – afin de les discréditer.