Urgence: Une famine aux multiples visages
La famine qui s’étend actuellement du Nigeria au Yémen en passant par la Somalie et le Soudan du Sud menace plus de 20 millions de personnes. Comment répondre efficacement à cette crise d’une ampleur inédite, dont les causes et les contextes varient énormément d’une région à l’autre? Sans Frontières s’est penché sur la question.
Par Etienne Plamondon Emond
Dès le 11 mars, cette famine a été désignée comme la pire crise humanitaire depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale par Stephen O’Brien, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence des Nations unies.
Depuis cette déclaration fracassante, la situation ne s’améliore guère. Le 12 mai, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué qu’il serait nécessaire d’ajouter 91 millions $ US au montant d’abord anticipé afin d’offrir une aide durable aux Somaliens qui fuient les violences et la sécheresse, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de leur pays. La somme requise est donc désormais estimée à 488 millions.
Quelque 1,1 million de personnes sont actuellement touchées par une pénurie d’eau et aux 50 000 enfants se retrouvent à risque de mourir de faim en Somalie, selon l’ONU.
Trois jours plus tard, le HCR et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont présenté un plan d’action de 1,4 milliard $ US pour venir en aide aux réfugiés sud-soudanais. C’est 200 millions de plus que ce qui avait été demandé en début d’année. Au moment d’annoncer cette nouvelle évaluation de la contribution nécessaire pour répondre aux besoins de 1,8 million de Sud-Soudanais fuyant la guerre et la famine, seulement 14 % du 1,2 milliard sollicité dans un premier temps avait été financé par la communauté internationale.
Le gouvernement canadien est de ceux qui ont pris un peu de retard dans son implication, admet Richard Morgan, directeur général de la Coalition humanitaire, un regroupement de sept grandes ONG canadiennes. « Il est important de maximiser nos efforts pour éviter que la famine se répande et s’aggrave », dit-il.
En revanche, il applaudit l’annonce d’Ottawa, qui a créé le 29 mai un Fonds de secours contre la famine. Le gouvernement fédéral s’est engagé à y verser l’équivalent de ce que les particuliers canadiens auront donné aux organisations humanitaires entre le 17 mars et le 30 juin, doublant ainsi leurs dons. « Nous avons constaté par le passé que c’est un des mécanismes qui rassurent le public », approuve M. Morgan. Le gouvernement a notamment mis sur pied un fonds de contrepartie sur le même modèle en 2013, en réponse à la situation humanitaire aux Philippines après le passage du typhon Haiyan, lors de la crise alimentaire dans le Sahel en 2012 et en Afrique de l’Est, au moment de la sécheresse de 2011.