Dossier Haïti: L'or noir de Sainte-Suzanne
La deuxième Journée mondiale de l’agriculture a eu lieu le 11 juin. Pour la souligner, Sans Frontières s’est intéressé au projet de jardins-café de la communauté de Sainte-Suzanne, dans le Nord-Est d’Haïti, née de la collaboration entre le Comité de Solidarité Trois-Rivières et l’Institut de recherche et d’animation en aménagement du milieu.
Par Séverine Paré
L’ONG québécoise Comité de Solidarité Trois-Rivières (CS3R), qui se donne pour mission d’éduquer et de sensibiliser la population sur différents enjeux liés aux pays du Sud, a entamé il y a une douzaine d’années un partenariat avec l’Institut de recherche et d’animation en aménagement du milieu (IRATAM), fondé en Haïti en 1985. Leur objectif commun est de favoriser l’introduction de nouvelles techniques agricoles, de reboisement et d’alphabétisation des paysans au département Nord-Est d’Haïti.
Un projet d’agriculture durable dans la communauté de Sainte-Suzanne est par exemple né de cette alliance. « Il a été mis sur pied pour répondre à un besoin de la population – qui subit les conséquences de la mondialisation –, pour freiner le problème d’emploi que connaît Haïti et finalement pour éviter la migration des paysans vers les grands centres », résume Annie Lafontaine, coordonnatrice à la coopération internationale du CS3R, qui œuvre entre autres en faveur de l’équité économique depuis 1973.
Des historiens, agronomes et économistes de l’IRATAM ont d’abord identifié un problème environnemental dont la résolution pourrait profiter au secteur économique agricole: la frontière entre le Nord-Est d’Haïti et la République dominicaine est complètement rasée et doit être reboisée pour éviter l’érosion du sol, entre autres. Le groupe de réflexion en est venu à la conclusion que l’agroforesterie était la meilleure solution pour assurer le reboisement et cultiver les terres en même temps.
D’où l’idée des jardins-café. En plus d’offrir une couverture de sol qui retient l’humidité et contribue à régénérer les forêts, le caféier est en effet un petit arbuste qui peut générer une production agricole monnayable. « Ce programme vise principalement à permettre aux paysans de s’auto-suffire, de créer de l’emploi, de développer un marché local et de participer à la régénération du territoire pour contrer l’effet du déboisement », rappelle Mme Lafontaine, qui souligne que l’implication active des paysans dans le processus est nécessaire à sa réussite.