Dossier spécial: Le premier or responsable en provenance des mines artisanales
République démocratique du Congo
Le premier or responsable en provenance des mines artisanales
Etienne Plamondon Emond
En juin dernier, la Fair Trade Jewellery Company de Toronto a mis en vente quatre bagues sans pareil : l’or qui les compose est traçable, licite et libre de conflits, même s’il vient des mines artisanales de la République démocratique du Congo (RDC). Un pas de géant dans ce secteur difficile à encadrer.
Les bijoux de la joaillerie canadienne Fair Trade Jewellery Company bouclent ainsi la première chaîne d’approvisionnement responsable digne de ce nom pour de l’or qui tire sa source d’une zone réputée pour ses minerais de conflit. Des mineurs de la région des Grands Lacs d’Afrique jusqu’au joaillier de la région des Grands Lacs d’Amérique du Nord, chaque intervenant de cette chaîne est bien identifié afin de s’assurer que le précieux minéral n’est ni associé au financement de groupes armés ni au travail des enfants.
Le principal artisan de ce tour de force ? L’organisme non gouvernemental (ONG) Partenariat Afrique Canada (PAC), basé à Ottawa, la capitale canadienne. Après avoir obtenu une nomination pour le prix Nobel de la paix en 2003 pour son travail dans le processus de Kimberly et le régime de certification mis sur pied pour éliminer les diamants de sang, PAC a fait de l’or son nouveau cheval de bataille. Son projet Or Juste a pour objectif d’implanter en RDC un modèle d’exploitation artisanale de l’or dans lequel la traçabilité et le devoir de diligence seraient formalisés.
« Nous avons voulu nous lancer ce défi pour prouver que c’est possible, puis nous assurer que ceux qui travaillent dans le secteur peuvent bénéficier de la vente et du commerce légal et transparent de l’or artisanal, du puits jusqu’aux consommateurs finaux », explique Joanne Lebert, directrice générale de PAC.
Elle peut désormais crier victoire : 238 grammes d’or ont fait le trajet de la RDC jusqu’au Canada il y a quelque mois, suivant une démarche transparente et documentée. Cette dernière respecte le Guide de l’Organisation de coopération de développement économique (OCDE) sur le devoir de diligence pour des chaînes d’approvisionnement responsables en minerais provenant de zones de conflit à haut risque.
Le cofondateur de la Fair Trade Jewellery Company, Ryan Taylor, considère cette avancée comme révolutionnaire. « Pour le moment, la quantité peut sembler sans conséquence. Elle ne l’est pas, affirme-t-il. Le fait que cela a été fait une fois légalement signifie que nous pouvons le certifier à une plus grande échelle. »