Urgence: Vague d'immigration haïtienne au Québec
Vague d’immigration haïtienne au Québec
Les ONG prête main-forte
Gabrielle Brassard-Lecours
Depuis le début de l’été, des centaines d’Haïtiens ont traversé la frontière américaine pour tenter de venir s’établir au Canada, plus précisément au Québec. De nombreux moyens d’urgence ont donc dû être mis en place afin d’accueillir les demandeurs d’asile, d’un camp de tentes au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle jusqu’à un centre d’hébergement temporaire au Stade olympique de Montréal. De nombreux organismes ont participé à cet effort d’accueil.
Si tant d’Haïtiens se sont massés à la frontière canadienne, c’est principalement à cause du changement de garde à la tête des États-Unis. Lors du tremblement de terre qui a ravagé Haïti en janvier 2010, des milliers de ressortissants y ont trouvé refuge. Le président de l’époque, Barack Obama, leur avait alors accordé un statut de protection temporaire, leur permettant de vivre et de travailler de façon légale en sol américain. Près de 58 000 Haïtiens se sont ainsi prévalus de ce statut. Sauf que le nouveau président, Donald Trump, a menacé de leur retirer ce permis en janvier 2018. Si plusieurs ont déjà fait une demande d’asile aux États-Unis, certains craignent d’être renvoyés en Haïti avant qu’elle ne soit entendue. C’est pourquoi ils ont choisi de traverser la frontière canadienne en direction du Québec.
Les nouveaux arrivants peuvent compter au premier chef sur la solidarité de la communauté québéco-haïtienne, à travers les actions d’organismes tels que la Maison d’Haïti, le mouvement citoyen « En marche pour Haïti » et de nombreuses paroisses liées à cette communauté très présente à Montréal. De la nourriture typique du pays est entre autres préparée et offerte, afin de les aider à se sentir un peu plus à la maison en attendant de savoir ce qui leur arrivera. Et l’attente sera longue : les demandeurs d’asile devront passer par tout un processus légal et juridique, remplir de nombreux documents, se soumettre à des enquêtes légales et des enquêtes sécurité menées par les services frontaliers... Encore une fois, des organismes comme certaines cliniques juridiques se sont manifestés afin d’aider les nouveaux arrivants à franchir ces étapes, en fournissant de l’aide juridique et en facilitant l’accès aux services sociaux du Québec.
L’Armée du Salut, les YMCA (Young Men's Christian Association), le Conseil canadien pour les réfugiés et Action Réfugiés Montréal font aussi partie des organismes prêtant main-forte à l’accueil des demandeurs d’asile, s’assurant de subvenir à leurs besoins de base sans regard aux questions juridiques et politiques entourant cette vague d’immigrants ayant traversé la frontière de Lacolle sans papiers réglementaires. De son côté, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a offert de l'hébergement dans ses résidences universitaires.
La Croix-Rouge canadienne — de pair avec les services frontaliers canadiens et plusieurs organisations — offre à la fois des services de premier recours directement à la frontière, où a été installé un camp de tentes, et au Stade olympique de Montréal, transformé en camp temporaire. À ce jour, plus de mille nouveaux arrivants ont ainsi été accueillis dans l’est de la ville. « On offre des couvertures, des lits, de la nourriture, des trousses de premiers soins », explique Myrian Marotte, porte-parole de la Croix-Rouge.
Les statistiques récentes portent à croire que moins de la moitié des demandeurs d’asile obtiendront un visa leur permettant de rester dans le pays. Les autres devront rentrer en Haïti ou aux États-Unis, où leur situation sera encore plus précaire. Malgré tout, pour plusieurs nouveaux arrivants, le Québec reste pour le moment une terre d’espoir, même s’ils sont conscients qu’ils pourraient se voir refuser le droit d’y demeurer.
(Sources : Radio-Canada, Ricochet)