Solidarité: S'adapter aux nouvelles mesures sécuritaires
Attentat de Ouagadougou
S’adapter pour continuer à appuyer le développement
Benoîte Labrosse
Dans la soirée du 13 août, deux tireurs à moto ont fait irruption sur la terrasse du café-restaurant Aziz Istanbul, en plein centre-ville de Ouagadougou. Parmi les 18 victimes civiles de l’attentat, au moins deux travaillaient pour une ONG. Quel impact ce tragique évènement aurait-il sur les organisations de coopération internationale actives au Burkina Faso?
Un air de déjà vu planait sur la populaire rue Kwame Nkrumah dans la nuit du 13 au 14 août : les forces de sécurité burkinabè ont tenté de maîtriser des hommes lourdement armés décidés à faire un maximum de victimes parmi les clients d’un populaire café-restaurant fréquenté à la fois par des expatriés et des familles locales. Perpétré à quelque 200 mètres du tristement célèbre restaurant Cappuccino, où 30 personnes ont péri le 15 janvier 2016 dans une attaque terroriste, cet attentat a aussi fait des victimes de plusieurs nationalités.
Parmi elles, le Canadien d’origine algérienne Bilel Diffalah, volontaire au sein du programme canadien Uniterra, mis en œuvre conjointement par le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) et l’Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC). L’homme de 41 ans exerçait depuis novembre dernier le rôle de conseiller en hygiène et biosécurité auprès de l’Interprofession Volaille Locale (IPVL). « [Il] a contribué de façon significative au renforcement des compétences et connaissances de l’IPVL, notamment en établissant avec le personnel de l’association de nouvelles procédures, simples mais efficientes, de protection des volailles contre les maladies, qui ont aussitôt été mises en œuvre avec succès », précise le portrait publié par le CECI quelques jours après les évènements.
« C’est important de rendre hommage à Bilel, car nous sommes tristes et que l’équipe aura un deuil à faire », fait valoir Odette McCarthy, directrice du programme de coopération volontaire Uniterra. Son décès ne modifiera toutefois pas la réaction de l’ONG concernant la sécurité de ses 27 autres volontaires canadiens au Burkina Faso, qui ont tous exprimé le souhait de demeurer en poste. « Un tel évènement frappe l’imaginaire, mais notre processus de vigilance et de veille est quand même en place depuis plusieurs années, souligne-t-elle. Nous aurions resserré les mesures de toute façon après l’attentat, parce que nous l’avons fait la dernière fois et parce que la réévaluation des règles de sécurité est un processus continu. »
À la suite de l’attentat du Cappuccino – dans lequel ont péri six volontaires de la région de Québec – le CECI et l’EUMC ont par exemple embauché « une ressource experte en sécurité » qui travaille dans leurs bureaux de Montréal et d’Ottawa à harmoniser et adapter les pratiques de sécurité à tous leurs projets et pays d’intervention. Des employés du CECI ont également assistés à la formation sur les mesures de sécurité destinée aux organismes de coopération annoncée par le gouvernement du Québec dans la foulée de l’attentat de 2016.