Droits de l'homme: Défendre le droit à l'information
Développement durable
Défendre le droit fondamental à l’information
Par Benoîte Labrosse
En plus d’être inscrit à la Déclaration universelle des droits de l’homme, le droit à l’information est l’une des cibles des Objectifs de développement durable onusiens. Pourtant, seuls 21 pays africains ont adopté une loi le protégeant tant bien que mal, déplorent les nombreux experts qui se sont réunis à Accra début mai dans le cadre des célébrations annuelles de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Sans Frontières y était.
À ce jour, 61 % des pays africains n’ont toujours pas de loi d’accès à l’information (LAI), selon les dernières données du Africa Freedom of Information Centre (AFIC). Et les 21 États qui en ont adopté une « éprouvent tous des difficultés à la mettre en œuvre ». L’AFIC remarque également que « l’adoption des LAI a ralenti, malgré le lancement des Objectifs de développement durable (ODD) il y a deux ans ».
Il faut savoir que l’accès à l’information est l’une des visées du plus récent agenda de développement des Nations unies. Plus précisément son Objectif 16.10, soit de « garantir l’accès public à l’information et protéger les libertés fondamentales, conformément à la législation nationale et aux accords internationaux ». Comme le résume l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), « la transparence offre aux citoyens une meilleure compréhension des politiques publiques, améliore l’efficacité des processus politiques et aide à lutter contre la corruption, contribuant ainsi à un développement réussi ».
C’est d’ailleurs pourquoi tous les 3 mai, l’UNESCO braque les projecteurs sur la liberté de presse, mais aussi sur les libertés d’expression et d’accès à l’information. L’idée est venue de journalistes africains réunis en Namibie, qui ont porté à l’attention de l’ONU sur le fait que « la création, le maintien et le renforcement d’une presse indépendante, pluraliste et libre sont indispensables au progrès et à la préservation de la démocratie dans un pays, ainsi qu’au développement économique ». Leur Déclaration de Windhoek, adoptée le 3 mai 1991, a mené à la proclamation de la Journée mondiale de la liberté de la presse deux ans plus tard.
En 2002, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a réaffirmé à Banjul, la capitale gambienne, « l’importance cruciale de la liberté d’expression en tant que droit humain individuel, pierre angulaire de la démocratie et aussi en tant que moyen pour garantir le respect de tous les droits humains et libertés fondamentales de l’homme ». Ainsi, soulignait la Commission, « les organes publics gardent l’information non pas pour eux, mais en tant que gardiens du bien public, et toute personne a le droit d’accéder à cette information », alors donc « le droit à l’information doit être garanti par la loi ».
Seize ans plus tard, l’accès à l’information a de nouveau occupé le devant de la scène africaine, alors que l’UNESCO a tenu sa conférence internationale sur la liberté de la presse au Ghana les 2 et 3 mai derniers. « Il s’agit d’une part importante des ODD, car est essentiel pour s’assurer que ce qui est mis en place est réellement ce que les citoyens veulent, et ce dont ils ont besoin. C’est aussi le droit à l’imputabilité et le droit à la participation politique », a précisé à Accra le Rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression, David Kaye, qui participait à un panel intitulé Le droit à l’information : comment les lois sur la liberté de l’information contribuent au développement durable en Afrique ?
Ironiquement, si le petit pays anglophone a décroché la première place africaine au Classement mondial de la liberté de la presse 2018 de Reporters sans frontières (RSF), son projet de loi sur le droit à l’information attend d’être adopté depuis… 17 ans.