Actualité africaine: Élections au Burkina Faso
La « grande maturité du peuple burkinabè » démontrée
Benoîte Labrosse
Après 14 mois de turbulences politiques, l’année 2016 s’annonce sous de meilleurs auspices au Burkina Faso. L’investiture du nouveau président, Roch Marc Christian Kaboré, aura vraisemblablement lieu ce 29 décembre, un mois jour pour jour après sa victoire au premier tour d’une élection qualifiée d’historique.
« L’investiture que nous allons préparer est un évènement digne de ce nom : ce sera la première fois dans l’histoire du Burkina qu’un président civil va remettre le pouvoir à un président civil », a fait remarquer le 9 décembre Michel Kafando, président du Conseil national de transition (CNT), qui a gouverné le pays à la suite de la démission de Blaise Compaoré, chassé par une insurrection populaire le 31 octobre 2014 après 27 ans au pouvoir.
Ayant recueilli 53,49 % des suffrages exprimés le 29 novembre, M. Kaboré est également devenu le premier président civil élu par scrutin libre et transparent au Burkina Faso. Depuis son indépendance en 1960, ce pays enclavé d’Afrique de l’Ouest avait plutôt connu une suite de coups d’État militaires, de régimes d’exception et de démocraties de façade.
Le récent scrutin « a révélé à la face du monde la grande maturité du peuple burkinabè », a estimé Me Barthélémy Kéré, le président de la Commission électorale nationale indépendance (CENI) – l’agence responsable de l’organisation du scrutin – dans la nuit du 1er décembre, alors qu’il annonçait les résultats préliminaires.
Il faut dire que tout avait été mis en place pour assurer un exercice démocratique crédible et transparent. Durant plusieurs mois, la CENI a procédé à des campagnes de sensibilisation sur divers thèmes, que ce soit l’importance de demander sa carte d’électeur – plus de 5,5 millions de Burkinabè l’ont fait –, de se rendre aux urnes – plus de 3 millions ont voté –, de ne pas vendre son vote ou encore d’accepter calmement les résultats du scrutin.
De nombreuses interventions préventives avaient également été faites auprès des partis politiques et des 14 candidats au scrutin présidentiel, ainsi que des quelque 7 000 candidats aux élections législatives qui se déroulaient simultanément. Un nombre « record » de 17 169 observateurs – rattachés à des partis politiques, des organisations de la société civile et des organisations internationales – avaient aussi été accrédités pour s’assurer de l’absence de fraude ou de malversation.
Parallèlement, des citoyens burkinabè ont et constatés de visu la transparence des opérations électorales en suivant le mot d’ordre du mouvement de résistance populaire Le Balai citoyen. Leur campagne « Je vote et je reste » suggérait aux électeurs d’assister au dépouillement public des votes dans leur bureau respectif, ce que plusieurs ont fait.
Autre preuve de « maturité politique », les candidats défaits se sont empressés de féliciter le président élu et d’insister sur l’importance de respecter le résultat du scrutin et de travailler sereinement à la suite des choses. L’avenir nous dira rapidement s’il s’agit seulement d’un vœu pieux, car le parti du président, le Mouvement du peuple pour le progrès, n’a pas obtenu la majorité absolue à l’Assemblée nationale et devra faire des alliances avec d’autres députés.