Humanitaire: l'utilisation des drones est-elle éthique?
Etienne Plamondon Emond
Les drones, surtout associés jusqu'à maintenant à des opérations militaires, suscitent désormais des espoirs chez certains travailleurs humanitaires. Quelques rares ONG ont commencé à en expérimenter le potentiel, mais ces tentatives ne sont pas sans soulever certaines questions éthiques.
Lorsqu'il est parti en mission en Sierra Leone pour le compte de Médecins sans frontières (MSF) alors que l'épidémie d'Ebola faisait rage, Ivan Gayton a traîné un drone dans ses valises. L'ancien conseiller en innovation et technologie pour l'ONG souhaitait s'en servir pour pouvoir mieux cartographier les environs et mieux cibler les foyers de la maladie. Mais il a rapidement rangé son appareil. Les autorités locales voyaient d'un mauvais œil son envol dans le ciel du pays. Selon M. Gayton, ils craignaient surtout une ingérence étrangère.
Au Liberia voisin, MSF a pu faire voler un drone pour filmer le camp Elwa 3, son plus grand centre de prise en charge de patients atteints d’Ebola depuis le ciel, afin de montrer par la suite comment aménager des installations similaires.
Pour Ivan Gayton – qui a récemment quitté l’organisation internationale pour raisons familiales – le potentiel des drones est beaucoup plus grand, surtout dans le domaine de la cartographie. Il demeure convaincu de la pertinence d'utiliser cette technologie dans le cadre d'interventions humanitaires, même si la question provoque des débats au sein de MSF.
« Je vois ça comme les téléphones cellulaires. Il y a dix ans, il n'en existait presque pas dans les pays pauvres. On se disait : "Qu'est-ce qu'on va faire avec ces technologies?”. Maintenant, c'est super important dans nos opérations. Je crois que ce sera la même chose pour les drones », fait valoir M. Gayton à Sans Frontières par téléphone depuis Vancouver. « Plus vite on commence à les utiliser intelligemment, plus vite on comprend tous les dangers pratiques et éthiques, mieux c'est. »