Environnement: COP21
Réfléchir au-delà de l’accord
Arnaud Stopa
La 21e Conférence des partis sur les changements climatiques (COP21) qui s’est terminée le 12 décembre dernier à Paris donnera sans doute le ton pour les années à venir concernant la lutte contre le réchauffement climatique. Chaque organisation non gouvernementale (ONG) présente dira avoir essayé de pousser les négociations vers le « meilleur » accord possible, tout en sachant qu’il ne pouvait être parfait. Sans Frontières a discuté de la suite des choses avec certaines d’entre elles.
Selon plusieurs ONG, comme Équiterre ou Greenpeace, la COP21 a permis au monde de prendre conscience de l’urgence climatique, sans toutefois définir l’idéal des changements à apporter aux actions humaines pour la résoudre ou en ralentir les effets.
Au moment d’écrire ces lignes, l’entente qui se dégageait allait dans le sens d’une limitation à deux degrés Celsius l’augmentation de la température moyenne mondiale au-dessus de la moyenne d’avant 1850 (14 °C), tout en en diminuant « dès que possible » les émissions de gaz à effets de serre (GES).
Quelques jours plus tôt, Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France et observateur de la conférence parisienne, avait confié au quotidien français Le Monde que la fourchette visée dans des versions antérieures de l’entente – une réduction de 40 à 95 % des émissions de GES d’ici 2050 –, résumait bien les négociations. « Le pire comme le meilleur peut sortir de ce texte, a-t-il fait valoir. Si on choisit 95 %, on a une chance de lutter, si on choisit 40 %, on n’en a aucune. »
Même constat pour la limitation du réchauffement planétaire. L’objectif de deux degrés Celsius soutenu par la diplomatie française – organisatrice de cette conférence internationale – fait également consensus au sein de la communauté scientifique. Cette frontière dépassée, les changements climatiques seraient irréversibles, avertissent les experts.
« Il fallait négocier 1,5 degré », estime Gaël Derive, spécialiste du dérèglement climatique et explorateur. « Ça nous aurait permis de dégager une petite marge et éviter des surprises. À deux degrés, c’est le minimum. » Le texte de l’accord présenté le 12 décembre spécifie finalement que les signataires doivent « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C ».